Thème 05 – Et si on pouvait sauvegarder la biodiversité ?
Depuis 1978, l’Equateur a signé plusieurs conventions internationales dans le domaine de la conservation portant son taux de protection du territoire national à 38 %, sous la forme de parcs, réserves, aires de récréation sous administration publique ou privée. Malgré ce travail, l’Equateur subit encore de nombreuses pressions sur sa biodiversité. Sa déforestation est une des plus importantes au monde (rythme annuel de 2,4%, Arutam, 2008) dûe à l’agriculture, l’exploitation forestière, minière et pétrolière et l’extension des villes. Au-delà de ses pressions, se sont les peuples indigènes, vivant dans ces milieux, qui sont directement affectés et donc se dispersent dans les villes aux alentours, risquant la perte des savoirs ancestraux traditionnels de la forêt qui ne se transmettent que par oral. En 1993, trois femmes, une shuar, et deux françaises, anthropologue et botaniste ont créé la fondation OMAERE (« Nature de la forêt » en Waorani) et ont acheté aux abords de la ville de Puyo, 15ha d’anciennes cultures de café et canne à sucre ensuite convertis en pâturages. Dans la province de Pastaza, à la limite entre les Andes et la forêt équatorienne, Puyo est le siège social des principales fédérations indigènes qui défendent les droits de 200 000 indiens de la région, appartenant à 7 groupes ethniques. A 900 m d’altitude, cette zone bénéficie de 4 700 mm/an de précipitations. De 1993 à 1997, OMAERE a créé un parc ethnobotanique pour valoriser les ressources végétales et le savoir ethnobotanique de plusieurs communautés de quelques ethnies équatoriennes (surtout Shuar et Waorani et aussi Quichua et Zápara). En collaboration avec ces communautés, un inventaire des espèces végétales les plusimportantes de la forêt amazonienne équatorienne en termes d’utilité médicinale a été entrepris. Depuis 1994, OMAERE cultive et entretient ces espèces. Les communautés partenaires ont également apporté de nombreuses recettes, méthodes de production, de récoltes. Ce qui permet de réaliser des remèdes naturels mis en pratique via l’offre de médecines naturelles pouvant soigner tous types de maux : acné, alcoolisme, cholestérol, diabète, blessures superficielles, infertilité, ménopause difficile, menstruation irrégulière, piqûres, etc. La contraception naturelle est aussi possible. Ce savoir est partagé via des programmes d’éducation pour les écoles et les communautés indigènes de la région. OMAERE a rassemblé de nombreuses informations sur la vie quotidienne de ces cultures, sur l’organisation politique, familiale, leur rythme de vie, etc. Pour sensibiliser le public, et autofinancer ce conservatoire ethnobotanique, des soins médicinaux et des promenades explicatives sur les plantes et les cultures sont réalisés. Pour éviter le bio piratage, les recettes des soins restent secrètes, étant la propriété du patrimoine culturel des 7 peuples partenaires. Texte : Béatrice Louis et Guillaume Mouton Projet EcoAmerica – Janv. 2009